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11 novembre 2000

Discours pour le congrès de l’UNEF

Sur la forme, il avait été décidé que le processus de réunification devait d’abord se dérouler au niveau local, de manière décentralisée et progressive, en concertation avec la base.

Dans les faits, le travail préparatoire n’a pas été effectué. La faute aux AGE ? Certes, il est vrai que beaucoup d’entre elles n’ont jamais voulu jouer le jeu de la réunification. Mais le Bureau National est en parti responsable du manque d’information et de coordination des AGE. Je rappelle au passage l’échec des Assises de décembre, alors même qu’à Clermont nous avions commencé à nouer des contacts avec un bon nombre d’associations étudiantes qui étaient disposées à y participer. Mais le Bureau National n’a jamais réussi à nous donner une garantie sur la teneur des Assises et a semblé baisser les bras devant le refus de l’UNEF-ID à se joindre aux assises.

La manière dont s’est faite la liste au CNESER est révélatrice. Beaucoup d’entre nous ont été choqués, avec raison, par la constitution de cette liste et craignent une réunification d’appareil en contradiction flagrante avec ce qui avait été promis.

Quoi qu’il en soit, il ne s’agit pas ici de faire le procès des AGE ou du BN, mais de constater que le processus de réunification ne s’est pas déroulé comme il aurait dû et qu’il n’a aucune chance d’aboutir dans les formes qui avaient été convenues.

Sur le fond, on ne nous avait pas promis une réunification UNEF – UNEF-ID, mais une refondation du mouvement étudiant. L’objectif, était, il me semble, de dépasser le cadre syndical et d’associer de nombreuses organisations étudiantes.
Ceux qui ont cru qu’il était possible de créer une organisation entièrement nouvelle, qui impliquerait de nombreux acteurs et un nombre massif d’étudiants se rendent compte à présent que ce que l’on nous propose ressemble de plus en plus à une absorption pure et simple de l’UNEF par l’UNEF-ID.

Cette dérive n’était pas écrite d’avance, mais elle résulte en parti de l’organisation déplorable autour de laquelle s’est faite la réunification et de la sévère défaite au CROUS. Aujourd’hui, force est de constater que l’UNEF est dos au mur et qu’elle ne dispose pas du rapport de force qui lui permettrait de faire valoir sa vision du syndicalisme face à l’UNEF-ID.

A cela s’ajoute l’ambiguïté de notre propre vision sur ce qu’il serait nécessaire de construire. Les débats de fond qui ont pu avoir lieu au niveau local n’ont jamais été reliés au niveau national. A Clermont par exemple, nous étions plus ou moins tombés d’accord pour une forme de confédération qui laisserait à chaque association ses particularités, ainsi que la possibilité de mener des listes séparées.

Le pluralisme est à ce prix. Une organisation centralisée qui aurait tendance à gagner un peu trop facilement les élections serait la porte ouverte à d’éventuelles dérives. Par ailleurs elle laisserait à l’UNI ou aux associations de filière le monopole de l’opposition. Ce qui est absurde.

Pourtant, c’est bel et bien cette voie sur laquelle nous sommes en train de nous engager.

En fait, rien de ce qui se prépare ne ressemble à ce qui a été promis. En deux mots comme en cent: j’estime qu’on s’est fait enculer. Et je ne vois pas comment une personne qui a un minimum de cohérence politique et d’honnêteté intellectuelle peut soutenir le processus de réunification qui se prépare.

Maintenant, je n’ai pas l’intention de faire le procès de telle ou telle personne. Je ne remets pas en cause les intentions et je veux bien croire que la gestion de l’UNEF au niveau national a été difficile. Les équations financières insolubles, les querelles de personnes, la paranoïa de certaines AGE et plus généralement le manque de dialogue au sein de l’UNEF ont été des choses certainement très difficiles à gérer pour le secrétariat national.

Il reste que le processus de réunification mène à une impasse. Même dans le meilleur des cas, si la majorité des délégués décident de voter pour la réunification, celle-ci ne se fera pas. Pour la bonne raison que la moitié des AGE feront scission, et qu’en terme de réunification, on se retrouvera  en faits avec l’éclatement de l’UNEF.

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