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12 juin 2012

La crise espagnole en sept étapes

1- Les banques espagnoles sont en difficulté à cause des montagnes de créances douteuses garanties par trois millions de logements vides et sans valeur, héritage de la bulle immobilière des années 2000 sur laquelle personne n'avait crû bon de s'inquiéter pendant des années. (L'économie espagnole c'est super, regardez comme sa dette publique est faible. Ha ha ha, quel grand comique ce Barroso!)

2- Comprenant les difficultés de leurs banques (notamment après le sauvetage in extremis de Bankia le 25 mai dernier) les épargnants espagnols craignent logiquement pour leurs dépôts: ils transfèrent donc leur épargne dans des banques suisses et luxembourgeoises, lesquelles placent cette épargne en titres sûrs, par exemple en achetant des obligations publiques allemandes ou françaises. D'où la baisse inattendue des taux d'intérêt des OAT françaises depuis l'élection de François Hollande. (C'est magnifique la libre circulation des capitaux!)

3- En raison de la fuite des capitaux espagnols, les banques espagnoles passent de la difficulté à la crise de liquidité et de solvabilité (les deux notions ne sont pas tout à fait les mêmes mais la première conduit généralement assez vite à la seconde). Elles ne peuvent plus financer l'économie réelle. Du coup la croissance espagnole déjà pas bien brillante (25% de chômage, 50% chez les jeunes) menace de s'effondrer si on ne trouve pas très vite 40 milliards d'euros (et à terme 100 milliards).

4- L'État espagnol (qui ne peut plus se financer sur les marchés car il paie déjà plus de 6% d'intérêt annuel pour toute nouvelle émission de dette) appel à l'aide ses partenaires européens.

5- Ca tombe bien, ces mêmes européens ont reçu plein de nouvelles sources de financement via les banques suisses ou luxembourgeoises (rappelons-le: cette manne est elle-même issue des épargnants espagnols effrayés par l'état de leur système bancaire... et de quelques grecs aussi, mais ça c'est une autre histoire). Les dits partenaires européens n'ont donc aucune difficulté à promettre 100 milliards d'euros pour financer l’État espagnol.

6- ... État espagnol qui peut à présent sauver ses banques privées. (Sans les nationaliser, faut pas déconner!) Bien sûr, ce sauvetage ne permettra pas aux banques de relancer vraiment l'activité économique. Il est prévu de n'aider que celles qui sont les plus en difficulté. Cet argent public (que devra rembourser le contribuable espagnol aux contribuables allemands et français notamment), permettra juste d'éviter la faillite et de combler les trous laissés par la fuite des capitaux.

7- Si par hasard une banque espagnole décide quand même de prêter à un agent économique espagnol (tiens, après tout, ça serait peut-être bon pour la croissance, non?) on peut être sûr qu'une partie de l'argent ainsi réinjecté repartira illico dans les banques suisses ou luxembourgeoises. Surtout que cela fait maintenant quelque temps que plus personne ne croit qu'un plan de sauvetage européen a la moindre chance de succès.

C'est ainsi qu'un nouveau cycle de l'argent va pouvoir commencer. De l'Espagne, vers la Suisse, puis vers l'Allemagne et la France, et de retour à l'Espagne. Le tout avec plein de nouvelles dettes créées dans tous les sens. C'est beau, non ? Merci beaucoup à nos dirigeants pour ce nouveau plan foireux!

http://courbiac.free.fr/images/eau_cycle.gif

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