Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Vue de gauche
22 septembre 2002

Qu'est-ce que la mondialisation ?

L’expression directe d’idées brutales n’est pas toujours facile et pour celles-là un mot vague est parfois bien pratique. On connaît l’amalgame courant entre « liberté » et « libéralisme ». Lorsqu’on sait que le second renvoie aux politiques de Reagan et de Thatcher (voire de Pinochet) on mesure mieux la distance qui sépare les deux mots.

Le même amalgame s’applique à la « mondialisation ». Le terme lui-même ne signifie pas grand-chose. S’il s’agissait simplement d’exprimer une conscience citoyenne mondiale et de développer des institutions démocratiques à l’échelle planétaire on pourrait difficilement condamner ou militer contre la mondialisation.

Le problème est que tout comme le « libéralisme », la « mondialisation » est un concept économique. Ainsi, les économistes ne parlent pas de « mondialisation » pour évoquer une quelconque fraternité humaine mais pour décrire un processus d’intégration économique mondiale. Que signifie cette intégration ? Tout simplement que les économies de chaque pays sont de plus en plus liées les une aux autres et que ces liens ont engendré une forme d’interdépendance mutuelle. Ce processus a commencé parce que les pays se sont « ouverts » sur l’extérieur en accordant davantage de facilité à la circulation des marchandises et des capitaux.

L’intégration économique n’a pas conduit à l’unification. Les économies des divers pays sont devenues interdépendantes ce qui fait qu’une crise dans un petit pays d’Asie peut entraîner l’effondrement d’une banque britannique, mais elles ne sont pas devenues semblables. Des différences importantes existent entre par exemple l’économie du Sénégal et celle de la France. Pourquoi ? Parce que la mondialisation ne concerne justement que les capitaux et les marchandises et qu’elle exclut notamment la liberté de circulation des hommes. Si les hommes pouvaient circuler, il est évident qu’ils iraient là où vont les capitaux et les marchandises, c’est à dire principalement vers les pays développés. Mais comme des frontières continuent d’exister entre les hommes, ceux-ci doivent se spécialiser dans un secteur de la production en fonction des moyens dont ils disposent.

L’interdépendance est liée à la spécialisation. Tout comme dans une entreprise il existe une répartition des tâches entre les dirigeants, les ingénieurs, les techniciens et les ouvriers, la mondialisation entraîne une spécialisation à l’échelle mondiale. Aux pays développés échoit le droit de concevoir et de financer la production mondiale. Grâce à leur quasi-monopole sur la recherche et les brevets ils peuvent en outre produire les marchandises les plus élaborées et les plus chères. Les pays moyennement développés comme le Mexique ou la Thaïlande vont pour leur part se charger de la production manufacturière bas de gamme qui rapporte peu. Enfin, les pays les moins avancés se cantonneront à approvisionner tout le monde en matières premières bon marché sans aucune possibilité de développer une industrie indépendante.

Maintenant, on mesure mieux l’écart qui sépare la notion « d’intégration économique mondiale » de la fraternité humaine.

Publicité
Commentaires
Vue de gauche
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Publicité